» Dire que Carole Tallec murmure à l’oreille des chevaux serait simpliste, elle dialogue avec eux. Elle propose au public un rapport tout à fait nouveau. Elle communique avec les chevaux, elle leur parle, ils lui répondent. C’est un dialogue. À aucun moment il n’est question de dressage, jamais les chevaux ne sont récompensés pour répéter ce qu’ils ont appris à faire des heures durant. Elle instaure avec eux un espace de jeu qui est autant le sien que celui des chevaux. On comprend vite que dans cette liberté ainsi posée ce qui va être créé dépend d’un grand nombre de paramètres et repose sur la capacité de l’artiste à improviser, à faire avec ce qui survient, le réel ou l’imprévu. Cela nous place dans un état d’esprit d’hyper-attention et on ouvre tous nos pores, notre sensibilité et notre écoute sont au maximum. On tremble avec elle, on rit avec elle et on partage cette belle sensibilité qui est la sienne. La poésie est là, dans le rapport entre la femme et l’animal et ce qu’ils vont donner au public. On apprend aussi beaucoup du caractère des chevaux, comment certains aiment les enfants, savent jouer avec le public ou comprennent très bien qu’ils sont en « représentation ». C’est une expérience unique qui permet de démontrer qu’un autre rapport est possible entre les hommes et les animaux dans le spectacle vivant.«
Rémy Sabran, ACTART 77